Texte de Christelle DITTE

L'histoire que je vais raconter a commencé il y a longtemps, bien longtemps...

Louis XIV était alors roi de France. Son ministre principal, Mazarin, était déjà mort et le roi régnait en monarque absolu. Le palais de Versailles était prestigieux et admiré du monde entier. Paris, ville lumière, resplendissait déjà de tous ses feux. Mais c'est loin de là, dans un petit village du Pas-de-Calais que se déroule mon histoire.

Au coeur du XVIIe siècle, dans un endroit charmant que l'on appelle " Le Transloy " naquit Jean DITTE. Sa vie... il n'en subsiste que quelques détails. L'essentiel reste qu'il fut l'aïeul d'une bien longue lignée.

Jean était charron, comme l'était son père peut-être, et, alors que le XVIIe siècle allait bientôt s'éteindre, le brave homme épousa Elisabeth FLAMENT qui allait lui donner cinq beaux enfants.

17O1: Le " Roi Soleil" gouverne toujours la France, au grand regrêt de beaucoup qui trouvent son règne bien long. Dans notre village du Transloy, Jean Baptiste, fils de Jean et de Elisabeth, voit le jour. Trois soeurs, Marie Rose, Marie et Marie Elisabeth, et un frère, Charles, accompagneront sa vie.

Les mariages se font quelquefois "en famille" lorsque la vie n'autorise que peu de rencontres: alors que Jean Baptiste épouse Marie Catherine LIEVIN, la soeur de celui-là, Marie, épouse Martin LIEVIN. Le rythme démographique de l'époque était bien différent. Si beaucoup d'enfants voyaient le jour, 50% mouraient avant l'age adulte et, parmi eux, la moitié disparaissait avant de souffler leur première bougie.

Jean Baptiste et Marie Catherine auront donc neuf enfants, dont le premier, parce que la tradition est de mise, s'appellera Jean Baptiste. Celui-ci sera charron comme l'étaient son père et son grand-père. Lorsque le petit garçon voit le jour en 1729, Louis XIV est mort depuis déjà quatorze ans. La Régence de Philippe d'Orléans a pris fin et Louis XV, roi trop faible, laisse gouverner ses ministres.

Jean Baptiste est l'aîné de Elisabeth, Jean, Philippe, Jacques, Charles, Joseph et Marie Madeleine. Il épousera une demoiselle TERLIER qui porte le même prénom que sa mère: Marie-Catherine. De leur union naîtront quatre enfants dont le premier en 1761 portera, toujours selon la tradition, le prénom de son papa, Jean Baptiste. Suivront Alexandrine le 4 avril 1763, Adrien Guilain le 9 mai 1767 et Pierre Augustin le 18 décembre 1768.

Tout comme la loi salique donnait à l'aîné masculin du roi le pouvoir de lui succéder, dans les familles plus modestes c'est en général le fils aîné qui reprenait l'entreprise du père ou exerçait le même métier que lui. Jean Baptiste étant mort le 6 octobre 1768 à l'âge de sept ans, c'est donc Adrien qui exercera le métier de charron. Sous le règne de Louis XVI, alors que des temps difficiles approchent et que le vent de la révolte commence à souffler, il épousera, lui aussi, une Marie Catherine, du nom de MIETTE.

1789, le peuple se soulève. Ce n'est pas une révolte, comme le croit ou l'espère le roi, mais la Révolution. Le 14 juillet, c'est la prise de la Bastille. Air du temps ou fait du hasard, la famille DITTE prendra, pour une courte période, son ancien nom: DITRE.

A la Révolution succèdera l'époque de la Terreur et de la guillotine à laquelle le roi ne pourra échapper. Si certaines têtes tombent à jamais dans les profondeurs des ténèbres, d'autres voient le jour pour la première fois, comme les neuf enfants qui naîtront de l'union d'Adrien et de Marie Catherine. Le huitième rejeton de cette grande famille se prénommera Marcelin Félix.

Napoléon est au pouvoir depuis son coup d'état du 18 brumaire an VIII ( 9 novembre 1799 ) mais ne s'est pas encore fait sacrer empereur quand, le 12 Prairial an XII ( 1er juin 1804 ) , le petit garçon pousse son premier cri. Comme pour ses aïeux, la commune d'origine de Félix reste Le Transloy. Il quittera cependant son village natal pour s'installer, non loin de la, à Ytres.

La restauration de Louis XVIII et Charles X a pris fin. Louis-Philippe Ier, dans le cadre de la monarchie de juillet, gouverne la France quand, le 3 mai 1831, Félix épouse à Ytres Honorine CARRE. Elle lui donnera un fils, Félix Joseph, le 8 octobre de cette même année, avant de mourir le 22 juillet 1832.

Deux ans plus tard, le 8 avril, Félix épouse Arthémise DECOMBLE. Celle-ci lui donnera huit fils. Le dernier d'entre eux, Charles Auguste, naîtra sous la monarchie de juillet le 5 juillet 1846. Adrien, leur grand-père, viendra finir ses jours à leurs côtés. Charles Auguste, en devenant domestique de culture, abandonnera le métier du bois pour s'attacher à celui de la terre.

1871: l'insurrection de la Commune a échoué au bout de deux mois. Le 10 mai, la France et l'Allemagne signent le traité de Francfort qui met fin à la guerre de 1870 et le 19 juillet, alors que Thiers n'est pas encore président de la IIIe république, Charles Auguste épouse à Ytres Pauline Antonia MOUTON. Elle mettra au monde quatre enfants.

Les temps ont bien changé depuis Jean DITTE. La France a vu mourir la monarchie, a vu naître et s'éteindre deux empires et vit déjà sa troisième république.

Même si la population ne connaît pas encore la mobilité qui sera sienne au XXe siècle, les familles ne restent plus cantonnées dans les villages comme elles le firent pendant des générations. Les migrations vers les communes proches sont désormais courantes. Ainsi, si les trois premiers enfants de Charles et Pauline sont nés à Ytres, le quatrième est né à Bouchavesnes.

C'est sous la présidence de Mac-Mahon que naît Charles Auguste Arthur, le 7 septembre 1874 et sous celle de Jules Grévy qu'il épouse Marie Rosa Anna HAVEQUEZ. Tout comme son père, il travaillera la terre en devenant agriculteur. Charles et Marie auront trois fils: Robert Charles François né le 11 janvier 1905 à Méricourt-sur-Somme, André et Roger. Quelques années plus tard, Marie Rosa Anna quitte ce monde. Son époux se remarie et Robert est envoyé dans un orphelinat. Il racontera plus tard qu'il y passa des jours heureux. Adolescent, il reviendra chez son père pour travailler. Sa belle-mère ne l'aime pas et fait dormir dans la grange celui qu'elle ne considère que comme un domestique de culture. Robert tentera quelques fugues, en vain.

Le 9 avril 1933, alors que l'Europe entière, déjà, pressent un drame affreux, Robert épouse Philomène Désirée Marcelle FRANCOIS à Herbécourt dont elle est originaire. Avant ce que l'histoire allait appeler la seconde guerre mondiale naîtront de leur union quatre enfants: Raymond, André, Yvette et Yves. Soutien de famille, Robert n'aurait donc jamais dû prendre les armes. Dès le début du conflit, il est pourtant déjà loin lorsque les papiers d'une administration trop lente attestent qu'il n'a pas à partir. Très vite, il est fait prisonnier. Malchance ou chance? En tout cas, Robert ne sera pas sacrifié comme tant d'autres. A son retour, sa femme lui offre encore deux enfants: André et Claudine.

L'Allemagne a capitulé depuis six mois et De Gaulle est au pouvoir lorsque, le 27 novembre 1945 naît André Raymond Maurice DITTE. Attaché à la terre dès son enfance, par obligation peut-être, il se destine pourtant à d'autres horizons. Il part pour le collège. Quelques années plus tard, il deviendra artisan puis professeur technique et décèlera vite l'importance et le devenir de l'informatique.

De Gaulle est revenu au pouvoir et la France a vu la naissance d'une Ve république lorsque, le 24 juillet 1965, André épouse à Pertain Ghislaine Ginette Odette CATRY. De cette union naîtront le 19 mai 1967 Frédéric Roger Robert et le 30 décembre 1971, Christelle Odette Marcelle.

Frédéric, à son tour,  convolera en juste noce avec Estelle Aurélie Geneviève CLAVIER le 7 juin 1997 à Condé sur l'Escaut.

De leur union naîtra le 28 septembre 1998 un petit Yoann DITTE.

2000 marquera un tournant dans l'histoire de cette branche puisque la famille quittera la Picardie originale pour s'installer dans la région toulousaine. Famille qui s'agrandira le 06 juillet avec la venue de Laura.

Christelle, quant à elle, donnera naissance le 24 septembre 2002, à un petit Tom.

Ces enfants seront peut-être à leur tour les aïeux d'une bien longue lignée...